Pat B ? …
Je suis un vieux comédien. Un jour, il y a longtemps, dans les coulisses d’un théâtre où je jouais en costume d’époque une pièce de Marivaux j’ai volé un panneau émaillé pendant la représentation. A un moment du spectacle où je me savais seul en coulisse, je l’ai dévissé pour pouvoir l’offrir à mon ami Patrick.
Je savais que ce panneau sur lequel était écrit un texte qui, sorti du contexte, avait une signification mystérieuse, lui plairait et viendrait peut-être grossir les rangs d’une de ses extraordinaires Collections.
Car Patrick Belland, depuis que je le connais, s’amuse, dans un geste originel dont le temps a magnifié la fermeté et la grâce, à fonder de nouveaux mondes. En retrouvant des objets-frères qui s’étaient perdus de vue, en en inventant même, pour que la fête soit plus belle, il œuvre, non pas pour sauver par paires des animaux sauvages du déluge, mais pour recomposer, dans une recréation païenne, des familles entières, associant chaque membre singulier dans une collection qui est la publication d’un ADN unique, l’air de famille s’imposant soudainement à chacun de nous comme une évidence poétique et joyeuse.
Simon Bakhouche, mai 2016